1 February 2003
Le Monde
(c) Le Monde, 2003.
Francis Cornu
10.25 TMC
Ce n'est pas une première diffusion. Mais comment ne pas revoir cette adaptation télévisée du chef-d'oeuvre de Jane Austen? Mieux, comment ne pas la découvrir ? A la fin du XVIIIe siècle, les époux Bennett ont cinq filles à marier. Tâche délicate quand, au fin fond de la province anglaise, on a de l'ambition mais ni rang ni fortune. Tâche de longue haleine qui peut s'étaler sur trois épisodes, bien que l'intrigue ne fût pas le souci majeur de la romancière, plutôt versée dans l'étude subtile des caractères. Jane Austen, qui a précédé les soeurs Brontë, n'est pas romantique. Ce qui explique qu'on ne l'ait appréciée que tardivement, un siècle après la création d'Orgueil et préjugés. Cent ans plus tard encore, la télévision et le cinéma ont soudain montré ce qu'avait de moderne son écriture et sa façon de voir. La BBC, avec l'art consommé de l'adaptation littéraire et de la reconstitution qu'on lui connaît, traduit joliment cette singularité. La réalisation de Simon Langton est admirable. Comme l'interprétation. Surtout celle de Jennifer Ehle, dans le rôle d'Elizabeth, partagée entre cette raison et ces sentiments qui font le titre d'un autre roman de Jane Austen, porté au grand écran, au même moment, au milieu des années 1990. Le jeu raffiné de Jennifer Ehle est à la hauteur de celui d'Emma Thompson, dans Raison et sentiments. Avec plus de retenue que la seconde, la première manifeste une grâce et un charme qui n'ont d'égal que son talent, déjà éprouvé dans d'autres productions de la télévision britannique. A l'image de celle d'Emma Thompson, la beauté de Jennifer Ehle ne correspond guère aux canons hollywoodiens, mais elle s'impose. L'éclat modulé de ses yeux sombres reflète toutes les nuances de l'âme de son personnage.
Pride and Prejudice
1st February 2003
Le Monde
(c) Le Monde, 2003
Francis Cornu
10.25 TMC
It's not a premiere broadcast. But how can one not rewatch this adaptation of Jane Austen's masterpiece? Even better, how can one refrain from discovering it? At the end of the 18th century, the Bennets have five daughters to marry. A delicate task when, in the depths of the English countryside, one has ambition but neither rank or fortune. A long-winded task, which can stretch out over three episodes. However, the plot is not the main concern of the author, who is instead more expert in subtle character studies. Jane Austen, who preceded the Brontë sisters, is not a romantic. Which explains why we have only appreciated her belatedly, a century after the creation of Pride and Prejudice. A further hundred years on, television and cinema have suddenly shown how modern her writing and perspective were. The BBC, known for its consummate art in literary adaptations and in recreating the past, translates this singularity beautifully. Simon Langton's direction is admirable, as is the acting; especially that of Jennifer Ehle, in the role of Elizabeth, torn between that sense and those sensibilities that are the title of another Jane Austen novel, which was transported to the big screen at the same time in the mid-90's. The refined acting of Jennifer Ehle is of the same calibre as Emma Thompson's in Sense and Sensibility. With more restraint than the latter, the former shows a grace and charm that have no equal but her talent, as already proven in other British TV productions. Like Emma Thompson's beauty, Jennifer Ehle's hardly corresponds with the Hollywood model, but she makes an impression. The controlled flash of her dark eyes reflects all the nuances of her character's soul.
Translation subject to Creative Commons attribution licence (see left sidebar).
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